Défense et efficience du matérialisme dialectique et historique (PJSC, Avant-Propos)
Séance de dédicaces - Fête de l'huma 2019 |
À première vue, le titre de ce livre peut sembler provocateur. S’il l’est, c’est à cause, sans doute, d’unedynamique anticommuniste à laquelle le P.C.F. lui-même en France a décidé de se plier. Or, il n’y a ici aucune volonté
provocatrice de ma part. Bien au contraire, cela s’inscrit dans
l’unique dessein de restituer une saisie politique objective du
moment présent que nous connaissons. Aussi, être communiste, c’est participer tout à la fois à l’héritage historique qui
nous est légué de droit ; au mouvement d’abolition réel du capitalisme ainsi qu’à l’inscription dans une histoire dynamique
et totale qui enregistre la destruction interne du capitalisme.
Dès lors, il y aurait maintes raisons de se revendiquer communiste, notamment d’un point de vue politique ou his- torique. Être communiste, c’est assumer et vouloir prolonger l’héritage de ce qui a mis à mal le nazisme en Europe, de ce qui a rendu possible, après guerre, un ensemble de « conquis sociaux » sans précédent, c’est assumer un progressisme réel quoique devenu ringard au profit des idéologues branchés. Enfin, être communiste c’est s’inscrire dans la continuité d’une organisation qui a su saisir les moyens qui font de notre époque une période de transition révolutionnaire en ce qu’elle connaît un bouleversement conséquent du mode de production.
L’enjeu de ce livre consiste moins alors à défendre politiquement et historiquement le communisme. Ce qui mérite cependant d’être fait et l’est d’ailleurs de plus en plus à l’aube d’une crise qui étouffe dans l’œuf une prétendue fin de l’histoire qui voyait le capitalisme triompher absolument. Le but poursuivi, ici, consiste à rétablir la méthode de compréhension du réel et de la vie sociale développée par le matérialisme dialectique et historique. Celle-ci, bien que trop souvent parodiée ou mise de côté, propose pourtant une lecture des plus efficaces et objectives de la période que nous connaissons actuellement. Loin d’être l’idéologie dogmatique qui en est traditionnellement faite, elle présente au contraire des acquis théoriques qui tentent d’être noyés et morcelés afin que leur unification ne produise pas l’étendue révolutionnaire qu’elle contient notamment en matière épistémologique ou ontologique. L’essor que connaît la pensée de Marx et d’Engels depuis la crise économique, n’est pas sans refléter l’efficacité qu’elle présente. En effet, celle-ci intervient au moment his- torique le plus propice à son émergence. Et cela, malgré les attaques permanentes contre ce que nous appelons communément le « marxisme ». Mais il n’y a rien d’étonnant à ces attaques qui, pour autant, ne limitent pas aujourd’hui l’essor du marxisme qui connaît une effectivité grandissante. Il suffit de relire ce qu’écrivait déjà Marx dans la deuxième postface du Capital au sujet de la méthode dialectique :
Dès lors, il y aurait maintes raisons de se revendiquer communiste, notamment d’un point de vue politique ou his- torique. Être communiste, c’est assumer et vouloir prolonger l’héritage de ce qui a mis à mal le nazisme en Europe, de ce qui a rendu possible, après guerre, un ensemble de « conquis sociaux » sans précédent, c’est assumer un progressisme réel quoique devenu ringard au profit des idéologues branchés. Enfin, être communiste c’est s’inscrire dans la continuité d’une organisation qui a su saisir les moyens qui font de notre époque une période de transition révolutionnaire en ce qu’elle connaît un bouleversement conséquent du mode de production.
L’enjeu de ce livre consiste moins alors à défendre politiquement et historiquement le communisme. Ce qui mérite cependant d’être fait et l’est d’ailleurs de plus en plus à l’aube d’une crise qui étouffe dans l’œuf une prétendue fin de l’histoire qui voyait le capitalisme triompher absolument. Le but poursuivi, ici, consiste à rétablir la méthode de compréhension du réel et de la vie sociale développée par le matérialisme dialectique et historique. Celle-ci, bien que trop souvent parodiée ou mise de côté, propose pourtant une lecture des plus efficaces et objectives de la période que nous connaissons actuellement. Loin d’être l’idéologie dogmatique qui en est traditionnellement faite, elle présente au contraire des acquis théoriques qui tentent d’être noyés et morcelés afin que leur unification ne produise pas l’étendue révolutionnaire qu’elle contient notamment en matière épistémologique ou ontologique. L’essor que connaît la pensée de Marx et d’Engels depuis la crise économique, n’est pas sans refléter l’efficacité qu’elle présente. En effet, celle-ci intervient au moment his- torique le plus propice à son émergence. Et cela, malgré les attaques permanentes contre ce que nous appelons communément le « marxisme ». Mais il n’y a rien d’étonnant à ces attaques qui, pour autant, ne limitent pas aujourd’hui l’essor du marxisme qui connaît une effectivité grandissante. Il suffit de relire ce qu’écrivait déjà Marx dans la deuxième postface du Capital au sujet de la méthode dialectique :
« Sous son aspect rationnel, elle [la méthode dialectique, initiée
par Hegel] est un scandale et une abomination pour les classes
dirigeantes... parce que dans la conception positive des choses
existantes, elle inclut du même coup l’intelligence de leur négation fatale, de leur destruction nécessaire, parce que, saisissant le mouvement même dont toute forme faite n’est qu’une
configuration transitoire, rien ne saurait lui en imposer ; parce
qu’elle est essentiellement critique et révolutionnaire 1. »
Aussi, bien que la chute de l’U.R.S.S ait été, jusqu’à nos jours, l’occasion de voir se mettre en œuvre une politique unipolaire, belliqueuse, impérialiste et exterministe, cela ne retire rien à l’analyse objective opérée à l’origine par le marxisme. Au contraire même, il n’est pas vain de penser que la crise que nous traversons, qui est économique et politique, est aussi une crise de sens. Or, au crépuscule de cette crise, ce qui semble se dégager, outre la destruction d’un monde appartenant au passé, c’est l’émergence d’un monde nouveau. Mais pour s’en saisir et ne pas rester dans des abstractions utopistes ou dans des slogans maintes fois repris, il est nécessaire de s’appareiller conceptuellement en s’armant d’outils de compréhension qui soient les plus effi- caces dans la période donnée. C’est donc la réhabilitation de ces outils « pratiques-critiques 1 », contraires aux intérêts de la classe dominante et donc à l’idéologie dominante qui n’est toujours que l’idéologie de la classe dirigeante et domi- nante, qui est ici visée. Celle-ci est rendue nécessaire et doit se construire dans un dialogue qui n’a cessé d’être entretenu par de nombreux penseurs marxistes. Pour l’heure, et dans l’attente que « les bavardages se taisent devant le sérieux de l’histoire 2 » ; il apparaît nécessaire de proposer a minima et dans la continuité de l’édifice d’abord forgé par Marx et Engels et longuement prolongé par la suite, les contours d’une théorie de l’objectivité en sciences sociales.
Dès lors, prendre appui sur le matérialisme dialectique et historique ne consiste pas à sombrer dans un réductionnisme, qui plus est dogmatique. Au contraire, parce que le tout, comme unité de départ, est la seule possibilité de restitution d’une totalisation en cours qu’est l’histoire humaine. Aussi, c’est à cela que nous invite le matérialisme dialectique et historique (MDH) : la restitution de moments logico-historiques dans leur processus de totalisation n’est en rien totalitaire, c’est même plutôt l’inverse qui est vrai. Ainsi, aller par le passage des acquis théoriques opérés par le MDH jusqu’aux racines qui permettent l’autonomie et l’édification des disciplines scientifiques est un enjeu primordial. Faire cela, ce n’est pas vouloir éliminer les autres disciplines, mais c’est opérer la jonction trop longtemps disjointe entre philosophie et sciences sociales. C’est encore offrir des fondements aux autres disciplines en les renfor- çant plutôt qu’en les affaiblissant. C’est là un processus de désidéologisation. Ce dernier ne vise pas l’obtention d’une théorie de tout, qui serait elle-même sa propre théorie. C’est même l’inverse qui est sans cesse promu par les défenseurs du MDH. Néanmoins, il s’agit de comprendre et d’identifier le moment présent, par opposition à l’instant, pour en resti- tuer le processus qui l’a fait naître et qui, de même, le rendra caduque. Parce qu’en sciences sociales, alors, resituer une séquence historique en dehors de l’idéologie dominante ou de toute légende qui se prend pour science, c’est faire acte de démonstration. Ceci tient en raison qu’« élaborer un fait, c’est construire 1 » ou, en d’autres termes, comprendre ce qui fait sens, en matière de sciences sociales. Il ne s’agit donc pas de figer le réel dans des lois, mais d’en comprendre le mou- vement, dans une matière 2 qu’est l’histoire et qui forge les hommes en même temps qu’ils la font. Il est donc nécessaire de proposer un discours qui tranche avec celui de l’hégémonie culturelle capitaliste qui vise à légitimer un pouvoir par la mystification 3, faute de religion apparente.
Aussi, bien que la chute de l’U.R.S.S ait été, jusqu’à nos jours, l’occasion de voir se mettre en œuvre une politique unipolaire, belliqueuse, impérialiste et exterministe, cela ne retire rien à l’analyse objective opérée à l’origine par le marxisme. Au contraire même, il n’est pas vain de penser que la crise que nous traversons, qui est économique et politique, est aussi une crise de sens. Or, au crépuscule de cette crise, ce qui semble se dégager, outre la destruction d’un monde appartenant au passé, c’est l’émergence d’un monde nouveau. Mais pour s’en saisir et ne pas rester dans des abstractions utopistes ou dans des slogans maintes fois repris, il est nécessaire de s’appareiller conceptuellement en s’armant d’outils de compréhension qui soient les plus effi- caces dans la période donnée. C’est donc la réhabilitation de ces outils « pratiques-critiques 1 », contraires aux intérêts de la classe dominante et donc à l’idéologie dominante qui n’est toujours que l’idéologie de la classe dirigeante et domi- nante, qui est ici visée. Celle-ci est rendue nécessaire et doit se construire dans un dialogue qui n’a cessé d’être entretenu par de nombreux penseurs marxistes. Pour l’heure, et dans l’attente que « les bavardages se taisent devant le sérieux de l’histoire 2 » ; il apparaît nécessaire de proposer a minima et dans la continuité de l’édifice d’abord forgé par Marx et Engels et longuement prolongé par la suite, les contours d’une théorie de l’objectivité en sciences sociales.
Dès lors, prendre appui sur le matérialisme dialectique et historique ne consiste pas à sombrer dans un réductionnisme, qui plus est dogmatique. Au contraire, parce que le tout, comme unité de départ, est la seule possibilité de restitution d’une totalisation en cours qu’est l’histoire humaine. Aussi, c’est à cela que nous invite le matérialisme dialectique et historique (MDH) : la restitution de moments logico-historiques dans leur processus de totalisation n’est en rien totalitaire, c’est même plutôt l’inverse qui est vrai. Ainsi, aller par le passage des acquis théoriques opérés par le MDH jusqu’aux racines qui permettent l’autonomie et l’édification des disciplines scientifiques est un enjeu primordial. Faire cela, ce n’est pas vouloir éliminer les autres disciplines, mais c’est opérer la jonction trop longtemps disjointe entre philosophie et sciences sociales. C’est encore offrir des fondements aux autres disciplines en les renfor- çant plutôt qu’en les affaiblissant. C’est là un processus de désidéologisation. Ce dernier ne vise pas l’obtention d’une théorie de tout, qui serait elle-même sa propre théorie. C’est même l’inverse qui est sans cesse promu par les défenseurs du MDH. Néanmoins, il s’agit de comprendre et d’identifier le moment présent, par opposition à l’instant, pour en resti- tuer le processus qui l’a fait naître et qui, de même, le rendra caduque. Parce qu’en sciences sociales, alors, resituer une séquence historique en dehors de l’idéologie dominante ou de toute légende qui se prend pour science, c’est faire acte de démonstration. Ceci tient en raison qu’« élaborer un fait, c’est construire 1 » ou, en d’autres termes, comprendre ce qui fait sens, en matière de sciences sociales. Il ne s’agit donc pas de figer le réel dans des lois, mais d’en comprendre le mou- vement, dans une matière 2 qu’est l’histoire et qui forge les hommes en même temps qu’ils la font. Il est donc nécessaire de proposer un discours qui tranche avec celui de l’hégémonie culturelle capitaliste qui vise à légitimer un pouvoir par la mystification 3, faute de religion apparente.
Enfin, ce qui se propose d’être esquissé ici, c’est une
conception de l’objectivité comme processus intersubjectif
voire intrasubjectif : du « je » individuel au « nous », comme sujet
transindividuel, acteur de l’histoire. Ce qui doit alors animer la
quête de l’objectivité, c’est la détermination de ce qu’il y a
de commun. Aussi, il n’est pas entendu ici que la question
soit close et définitive, bien au contraire. Seules les prémices
d’édification de ce qu’il reste à bâtir peuvent être ici intro-
duites sans nulle autre prétention.
Alors que ce livre était déjà prêt à être publié de-
puis quelque temps (depuis Decembre 2018), c’est peu de temps avant sa sortie que nous
apprenons que le Brésil du fasciste Bolsonaro semble appeler
à une baisse, voire à une suppression à terme, des enseignements universitaire en sciences sociales et philosophie. Loin
d’être un épiphénomène il faut y voir ici une logique décisive
qui donne, nous l’espérons, un peu plus de force au combat
mené au travers de cet essai. De fait, il n’y a rien d’étonnant à ce
que libéraux et fascistes travaillent là aussi main dans la main,
comme en politique lors des périodes de crises, parce qu’il y a
un combat purement politique qui vise à déchoir constamment
les sciences sociales et la philosophie de leur statut d’objectivité
scientifique. Ainsi par un procédé rhéto-logique fallacieux mais
constamment entretenu, les sciences sociales sont condamnées
à être perçues comme des « sciences molles » et à devoir ré-
pondre de leurs actes auprès des seules vraies sciences que se-
raient celles de la connaissance de la nature. Or, il est tout aussi
impossible d’étudier ce qui relève du général et de l’atemporel
(la chute des corps) avec les mêmes outils que ce qui relève du
singulier et du temporel (l’histoire, la vie sociale etc.), que de
persister à vouloir faire pénétrer un cube dans un cylindre. Or,
s’il y a cette persistance c’est parce que la confusion doit être
entretenue sur la capacité à pouvoir développer des sciences
sociales sérieuses. Cela mettrait alors nécessairement en péril
la classe dominante. Mais pour rester dialectique il nous faut
nous rappeler que même les sciences de la connaissance de la
nature ont été longtemps mises à mal et leurs auteurs longue-
ment persécutés, Galilée figurant sans doute en chef de file.
Mais dans le même temps, c’est dans ce milieu hostile qu’elles
ont émergé.
Alors, il nous faut poursuivre ce travail, bien qu’il
soit périlleux et le fruit de nombreuses attaques.
Loïc Chaigneau, Pourquoi je suis communiste, essai sur l’objectivité,
Tous droits réservés.
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Delga, 2019.
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1. Karl Marx, Le Capital, Postface de la deuxième édition allemande, janvier
1873, Folio essais, p. 106.
2. G. W. F. Hegel, Principes de la philosophie du droit et science de l’État en abrégé, remarque annexée au § 324, citée et traduite de l’édition allemande Lasson, tome VI, p. 369 par Jean Hyppolite.
2. Au double sens de discipline et de matière réelle.
3. Voir notamment ici l’analyse de Marx au sujet du fétichisme de la marchandise et de la « vie autonome » qu’occupe celle-ci dans le procès de production capitaliste.